Comment calculer le prix d’un livre ?

Comment calculer le prix d’un livre ?

Vous êtes l’auteur d’une œuvre philosophique révolutionnaire, d’une autobiographie étonnante, d’un thriller passionnant, d’une histoire d’amour enivrante ou d’un recueil de poèmes exaltant. Vous êtes parvenu au bout de votre projet littéraire après des mois, voire des années de travail. Les maisons d’éditions à compte d’éditeur n’ont pas pris soin de considérer votre ouvrage – normal vu la quantité de manuscrits qu’ils reçoivent – vous avez donc opté pour l’autoédition. Avant de vous lancer à corps perdu dans la publication et la promotion, prenez le temps de fixer le bon prix de vente du livre. Ça peut paraître idiot, dit comme ça, mais choisir un juste prix peut favoriser son succès et vous éviter des déconvenues. C’est une étape essentielle de votre projet. Voici notre technique pour savoir comment calculer le prix d’un livre.

Mise à jour du 31/05/2022 suite à la hausse des prix d’impression.

Comment se décompose le prix d’un livre ?*

Pour savoir comment calculer le prix d’un livre autoédité, il faut dans un premier temps prendre de la hauteur, ce qui signifie, essayer de comprendre comment se décompose le prix d’un livre dans un circuit de commercialisation traditionnel.

Prix d’un livre en passant par un éditeur

En France, même si les sources diffèrent légèrement, et que certains libraires peuvent prendre une marge allant jusqu’à 40%, le prix d’un livre se décompose globalement ainsi, lorsqu’il est publié par un éditeur à compte d’éditeur via un libraire physique ou en ligne.

Par exemple, un livre de 200 pages en noir et blanc commercialisé 20 € TTC se décompose généralement ainsi (moyenne non contractuelle) :

  • TVA : 1,1 €
  • Auteur : 1,5 €
  • Éditeur : 3 €
  • Imprimeur : 3,4 €
  • Distributeur / diffuseur : 5 €
  • Libraire : 6 €

Comme vous pouvez le constater, les intermédiaires prennent une grosse part du gâteau. C’est injuste ? Non, c’est ainsi. Il faut faire avec ou arrêter de vouloir être publié. En passant par un éditeur à compte d’éditeur, les dividendes de l’auteur sont faibles, alors que celle de l’éditeur sont plus élevées. Rien d’anormal à cela puisque l’éditeur prend l’intégralité des risques financiers au démarrage du projet et l’impression coûte plus cher depuis la fin d’année 2021. L’avantage pour l’auteur : plus l’éditeur est gros, plus les ventes seront potentiellement élevées, ce qui peut vite compenser.

Prix d’un livre en passant par youStory

Dans le cas de l’autoédition, la décomposition du prix de vente est relativement différente. Prenons le cas d’un livre autoédité via youStory.

Un livre commercialisé 20 € TTC avec youStory se décompose ainsi (moyenne non contractuelle) :

  • TVA : 1,1 €
  • youStory : 1 €
  • Auteur : 3 €
  • Distributeur : 3 €
  • Imprimeur : 5,9 €
  • Libraire : 6 €

L’auteur prend une plus grosse part du gâteau alors que youStory ne prend presque rien. Pourquoi ces deux valeurs s’inversent-elles à ce point ? Parce que l’auteur participe au risque financier lié à la création, à la publication et à la promotion de son livre, dès le démarrage du projet. Il est logique qu’il touche plus de dividendes en compensation. Evidemment, si vous vendez un livre directement sur la librairie youStory, exit les frais de libraire qui atterrissent directement dans votre poche ; vous toucherez ainsi 50 % des dividendes, soit 10 € / livre.

En outre, les frais d’impression augmentent considérablement par rapport à ceux d’un éditeur à compte d’éditeur, puisqu’il s’agit d’impression à la demande. En effet, l’impression de milliers d’exemplaires d’un livre que mettent en place les grands éditeurs à compte d’éditeur, permet de réduire fortement les coûts d’impression qui sont dégressifs. À la demande, le tarif fixe des impressions est bien plus élevé en comparaison, à moins de commander une grosse quantité en une seule fois. Pour rester rentable, ce qu’impose la loi française, il faut donc nécessairement calculer le prix en fonction d’un seul ouvrage imprimé.

NB : l’impression d’un livre en couleur coûte plus cher que celle d’un livre en noir et blanc (34,5 % en moyenne contre 29,5 %). Dans ce cas là, vous toucherez donc moins de dividendes sur les ventes (10 % contre 15 % pour un livre en noir et blanc).

Comment calculer le prix minimum d’un livre ?

Maintenant que vous y voyez plus clair sur la composition du prix d’un livre, en fonction des intermédiaires impliqués dans le processus de création, de publication et de promotion, vous allez pouvoir calculer un prix de vente minimum.

Pour ce faire, ne vous fiez pas au hasard ou à votre instinct, il faut observer le marché, rester les pieds sur terre et prendre votre calculatrice pour répondre aux questions suivantes :

  1. Combien vous a coûté la création du livre (création des couvertures, corrections des textes, mise en page du livre…) ?
  2. Combien vous coûtera la publication du livre (frais de colisage, d’expédition et de commission du distributeur, frais de fonctionnement de la maison d’autoédition) ?
  3. Combien d’exemplaires du livre comptez-vous imprimer ?
  4. Combien coûte un livre broché similaire en librairie (selon le genre, la renommée de l’auteur et le nombre de pages de l’ouvrage) ?
  5. Combien coûte un livre numérique similaire sur Internet ?

Lorsque vous avez rassemblé ces informations, recomposez le prix de vente de votre livre en fonction du nombre d’exemplaires que vous pensez écouler :

  • Coût d’impression
  • Coût distributeur
  • Coût éditeur
  • Droits d’auteur (ne soyez pas trop gourmands, même si vous avez engagé beaucoup d’argent dans la création du livre)
  • TVA (cette taxe est réduite à 5,5 % dans le monde de l’édition, et descend à 2,1 % en Corse, Guadeloupe, Martinique et à la Réunion).

Additionnées, tous ces composantes doivent vous donner un seuil de rentabilité, c’est-à-dire un prix de livre en-dessous duquel vous perdrez de l’argent et ça, c’est strictement interdit par la loi. Faites bien attention à ne pas choisir un prix trop faible. Libre à vous de fixer un prix approprié, sans perdre d’argent.

Pour le prix d’un livre numérique, la donne est relativement différente puisque les coûts d’impression disparaissent. Vous êtes libres de choisir un prix, sans risque de pertes d’argent.

Comment fixer le juste prix d’un livre ?

Un mot d’ordre pour fixer le juste prix d’un livre : rester cohérent.

En effet, vous ne pouvez pas vendre un roman de 200 pages à 50 € lorsque la majorité des acteurs du marché vendent un roman de cette taille entre 14 € et 20 €, les livres de poche étant souvent proposés à moins de 10 €. Un prix trop élevé signerait l’arrêt de mort de votre livre, qu’il soit broché ou numérique. Pour le consommateur, le prix est un frein à l’achat, ne l’oubliez pas. Si votre livre est trop cher, personne n’en voudra, à moins de publier un livre hautement spécialisé et rare sur le marché, ce qui justifierait son coût auprès des connaisseurs.

Vous me voyez venir : si le prix de votre livre broché est trop bas, vous perdrez de l’argent et c’est illégal. Si le prix de votre livre est trop élevé, votre livre ne rencontrera pas le succès espéré, car hors de portée des lecteurs.

Pour les livres numériques, l’équation est une fois de plus différente : si le prix de votre livre est trop bas, vous ne perdrez pas d’argent mais de la crédibilité. Pour les lecteurs, un ebook gratuit ou commercialisé à 0,99 € est signe de médiocrité. À tort ou à raison, mais c’est un fait. Privilégiez un prix de vente entre 2,99 € et 4,99 € pour rester crédible et gagner votre vie.

Pourquoi ces décimales me diriez-vous ? Simplement parce que les prix en ,49 ou ,99 sont une norme imposée par les distributeurs et libraires. Personne ne peut y déroger.

Pour un livre broché, cette norme ne s’impose pas mais la notion de prix psychologique compte également beaucoup : mieux vaut fixer un prix de vente à 9 € plutôt qu’à 10 € et à 19 € plutôt qu’à 20 €.

Attention : le prix d’un livre doit être identique partout, quel que soit le canal de commercialisation. Seule une remise de 5 % maximum est acceptée sur le prix public d’un livre (un libraire peut faire une promotion entre 1 et 5 % en somme).

Comment toucher plus d’argent sur le prix de vente d’un livre ?

Si vous souhaitez gagner plus d’argent sur la vente de vos livres, et donc optimiser votre retour sur investissement, deux choix s’offrent à vous : fixer un prix de vente plus élevé ou supprimer des intermédiaires.

On l’a vu précédemment, un prix de vente de livre trop élevé est un frein à l’achat, oubliez cette idée. Il vous reste donc à supprimer des intermédiaires :

  • Le libraire : conséquence, vous vendez votre livre sur votre propre site web.
  • Le distributeur : conséquence, vous vendez uniquement votre livre sur votre site web.
  • L’autoéditeur : conséquence, vous vous chargez de tout, sans l’aide de personne.

En supprimant tous ces intermédiaires, vous toucherez 65 % des dividendes, la TVA (5,5%) et les frais d’impression (29,5%) ne pouvant être soustraites. Revers de la médaille, vous vendrez beaucoup moins d’exemplaires de votre livre puisqu’il ne sera commercialisé chez aucun libraire physique (commerce, enseigne, supermarché, …) et en ligne (Amazon, Fnac, Decitre, Chapitre, …). À moins d’optimiser à 300 % le référencement naturel de votre site web ou de créer des campagnes GoogleAd, Facebook ou Linkedin, votre livre restera confidentiel, tout comme ses ventes. Il faudra alors choisir de nouveaux intermédiaires et accepter une fois pour toute de couper la part du gâteau.

Alors préférez-vous toucher 65 % de 50 livres vendus ou 15 % de 500 exemplaires écoulés partout dans le monde ? Pour un livre vendu 20 €, le premier scénario vous rapporterait 650 € quand le second vous ferait gagner 1500 €. Libre à vous de choisir.

*Ces données constituent des moyennes françaises constatées sur Internet et n’ont aucune valeur contractuelle.

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Comment vendre un livre ?

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12 commentaires sur Comment calculer le prix d’un livre ?

  1. A quel moment l’écrivain est payé ? Chaque mois ? Ou peut être il y a un organisme général (comme la Sacem pour la musique) qui rémunère les auteurs/autrices ?

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    • Cela dépend comment vous envisagez l’autoédition de votre livre. Si vous imprimez simplement des exemplaires pour les vendre en direct sur des salons et autres séances de dédicaces, vous serez payé quasiment aussitôt. Si vous vendez votre livre sur une plateforme de vente comme Amazon, c’est cette plateforme qui vous paye directement, selon une fréquence qui lui est propre (certaines payent les auteurs lorsqu’un certain plafond de ventes est atteint). Si vous distribuez votre livre dans un grand nombre de librairies via une plateforme d’autoédition, c’est encore différent. Chaque plateforme met en place sa propre politique selon ses possibilités et selon la fréquence de paiements de ses distributeurs. Par exemple, concernant youStory qui est une plateforme indépendante et à taille humaine, pour nos ouvrages distribués en librairie, nous envoyons des relevés de ventes à nos auteurs chaque semestre et nous les payons juste après, lorsque nos distributeurs (Hachette et Immateriel) nous ont reversé intégralement le CA lié aux ventes sur la période.

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  2. Article super, merci !

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  3. J’ai une question liée du coup : Comment défini-t-on le nombres d’exemplaires pour être rentable sans pour autant rentrer en surproduction ?

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    • Avant d’imprimer un certain nombre d’exemplaires d’un livre, vous devez calculer la quantité dont vous avez besoin et, surtout, en amont, calculer la marge que vous réaliserez sur chaque vente. Si vous imprimez pour un montant total de 600€ (impression et expédition inclus) 100 exemplaires d’un livre vendu à 20€ et que chaque exemplaire vendu vous rapporte 10 € une fois les coûts d’impression et d’expédition soustraits, vous pouvez potentiellement gagner 1000 € (CA potentiel) – 600 € (coût investi) = 400 € (marge). Mais si vous n’en vendez que 20 exemplaires, l’opération ne sera pas rentable puisque vous aurez récolté 200 € avec ces ventes. En revanche, si vous vendez 60 exemplaires du livre vous rentrerez dans vos frais ; tout le reste constituera votre marge. Le tout est de bien évaluer la quantité qui puisse être vendue. Pour minimiser le risque, imprimez une quantité moindre qu’espérée, quitte à relancer d’autres impressions plus tard 🙂

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  4. Article super intéressant merci pour ce partage de savoir 🙂

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  5. La TVA on l’a paie à la vente, mais, à la fin de l’année, il y a le CA à payer comme un commercant ? Non ? Donc, on gagne encore moins ? Parce qu’on est commercant !

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    • En effet, si vous êtes déclaré en auto-entreprise vous devez déclarer vos revenus à l’état et leur reverser la TVA. Si vous touchez des droits d’auteur via une maison d’édition ou d’autoédition, la TVA sera déjà soustraite du montant total indiqué dans votre relevé. Je vous invite à demander confirmation à votre comptable ou à un juriste compétent.

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