Selon une enquête du centre national du livre (CNL), les jeunes générations montrent moins d’intérêt pour la lecture de livres imprimés que les générations précédentes, préférant parfois d’autres formes de médias tels que les vidéos en ligne, les réseaux sociaux ou les jeux vidéo. Cela signifie-t-il que tous les Français lisent moins de livres ? Selon une autre étude, près de 9 Français sur 10 affirment avoir lu au moins un livre en 2023. Alors, à l’heure du tout numérique, quelle place accorde-t-on encore vraiment à la lecture ? Je vous donne quelques éléments de réponse.
Les Français aiment lire…
La France a une longue tradition littéraire et un fort attachement à la culture littéraire. De nombreuses personnes en France lisent régulièrement des livres, que ce soient des romans, des essais, des poèmes, ou d’autres genres littéraires. Les habitudes de lecture peuvent être influencées par divers facteurs tels que l’éducation, le contexte socio-économique, les préférences personnelles, les tendances culturelles, les changements technologiques ou encore l’accès à l’information. Ainsi, bien que certains puissent lire moins, beaucoup d’autres continuent de considérer la lecture comme une activité enrichissante et importante.
En effet, il est difficile de généraliser sur les habitudes de lecture de tous les Français, car celles-ci peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre. Cependant, certaines tendances observées au cours des dernières décennies suggèrent que dans certains pays, y compris la France, on remarque une diminution de la pratique de la lecture chez certaines populations, en particulier parmi les jeunes. Les distractions numériques, les médias sociaux, les jeux vidéo et d’autres formes de divertissement ont parfois été associés à une diminution du temps consacré à la lecture de livres imprimés. Est-ce la seule raison ?
… mais les français lisent moins.
Selon l’étude du Centre national du livre (CNL) publiée en avril 2023, 86% des Français se déclarent spontanément “lecteurs”, c’est presque autant qu’avant la crise sanitaire (88%). Ce qui sous-entend que 14% ne lisent pas du tout. L’étude publiée en début d’année 2024, grâce aux données de la CNL et de Statista va plus loin : environ 24 % des répondants se considèrent comme des lecteurs assidus, tandis que 37 % se voient comme des lecteurs réguliers et un autre quart comme des lecteurs occasionnels. Quelles que soient leurs habitudes, 61 % des Français souhaiteraient lire davantage, par soif d’apprendre, pour se relaxer ou encore s’évader. La question qui me vient à l’esprit est, pourquoi ne lisent-ils pas davantage ? Pour 78 % d’entre eux, c’est simplement par manque de temps (78%) ou, selon cet article, parce que priorité est donnée à d’autres loisirs (61 %), ou à cause du coût des livres ou par manque d’intérêt. La lecture sur d’autres supports est également évoquée pour 49 %, ce qui semble logique à l’heure du tout numérique – la lecture au format ebook a ainsi connue une croissance de 15% chez les moins de 25 ans ces deux dernières années et 46% des moins de 35 ans ont déjà écouté un livre audio. Qu’est-ce qui cloche me direz-vous ?
Une tendance irréversible ?
Finalement, la tendance est lente, presque imperceptible puisque le marché du livre se porte bien, mais elle existe. L’achat de livres neufs a par exemple augmenté depuis 10 ans, même si les ventes stagnent depuis la crise du COVID. Cette donnée est trompeuse car il semble que le secteur est porté par les achats de cadeaux et les achats d’occasion. Prenons du recul : selon le ministère de la Culture, le nombre de lecteurs diminue sur le temps long : en 1988, 73 % des plus de 15 ans avaient lu au moins un livre dans l’année alors qu’en 2018, ils étaient seulement 62 %. Résultat, actuellement, 1 jeune sur 5 affirme ne pas lire du tout, ce qui n’est pas bon signe pour l’avenir. D’ailleurs, plus globalement, les Français déclarent lire 41 minutes chaque jour alors qu’ils pensent dans le même temps plus de 3h sur les écrans. Une donnée vient confirmer la tendance : aujourd’hui près d’un quart des Français se déclarent lecteur assidu – c’est pas si mal – mais ils étaient près d’un tiers dans les années 70. Quid des décennies à venir ? Si le marché de l’occasion poursuivra sans doute sa progression du fait d’un pouvoir d’achat fondant comme neige au soleil, le nombre de lecteurs risque de poursuivre sa lente décroissance, tout comme le temps consacré à la lecture. Les livres numériques et audio parviendront-ils à inverser la tendance ? La lassitude des écrans poussera-t-elle des non-lecteurs à s’intéresser aux livres ? Réponse dans quelques dizaines d’années.